⁕ Littérature, roman historique

« Enfant de salaud » de Sorj CHALANDON

Grasset – 330 pages – Broché –

🌸🌸🌸🌸

Ce récit m’a attiré par son titre, sans lire la quatrième de couverture, je souhaitais découvrir ce que ce fils avait vécu. Ce qu’il pouvait reprocher à son père. Au fil de la lecture on entrevoit la personnalité du père très ambiguë. Deux histoires se déroulent sous nos yeux, la recherche d’explications d’un fils à son père et le déroulement du procès Barbie.

« Mon grand-père a haussé les épaules et rangé la pelle le long de la cuisinière. – Eh quoi? Il faudra bien qu’il apprenne un jour! – Mais qu’il apprenne quoi, mon Dieu, c’est un enfant! – Justement! C’est un enfant de salaud, et il faut qu’il le sache!. C’était en 1962, et j’avais 10 ans. »

Entre vérité et mensonge le fils apprendra que son père a été un SS, mais ce n’est pas tant ceci qui le blessera, il cherche le pourquoi, il cherche les déviances qui ont fait de son père un être lâche ancré dans une certaine folie. Il cherche son identité.

Une lecture difficile, de par le thème abordé. Ce procès où l’accusé se défile et nie, comme son père.

« Je savais que tu ne viendrais pas écouter l’immense témoignage d’Elie Wiesel, l’impossible regard du survivant. Que tu ne serais pas des nôtres pour entendre gémir le dernier convoi pour Auschwitz. Le train 14166, qui avait quitté la gare de Perrache, à Lyon, le 11 août 1944, vingt-trois jours avant la libération de la ville. »

Arrivera-t-il au bout de sa quête? Il y a aussi beaucoup d’émotions dans ce roman mais ça remue les tripes aussi. Ce fils qui recherche la vérité pour se construire et avancer, et ce père qui affabule mêlé à ce procès en cours en font une lecture dure et sensible à la fois. J’ai apprécié à le lire car très énigmatique mais en même temps je l’ai trouvé très dérangeant et poignant à la fois! Le résumé vous donnera un grand aperçu du récit. À découvrir…

Depuis l’enfance, une question torture le narrateur :
– Qu’as-tu fait sous l’occupation ?
Mais il n’a jamais osé la poser à son père.
Parce qu’il est imprévisible, ce père. Violent, fantasque. Certains même, le disent fou. Longtemps, il a bercé son fils de ses exploits de Résistant, jusqu’au jour où le grand-père de l’enfant s’est emporté  : «Ton père portait l’uniforme allemand. Tu es un enfant de salaud !  »
En mai 1987, alors que s’ouvre à Lyon le procès du criminel nazi Klaus Barbie, le fils apprend que le dossier judiciaire de son père sommeille aux archives départementales du Nord. Trois ans de la vie d’un «  collabo  », racontée par les procès-verbaux de police, les interrogatoires de justice, son procès et sa condamnation.
Le narrateur croyait tomber sur la piteuse histoire d’un «  Lacombe Lucien  » mais il se retrouve face à l’épopée d’un Zelig. L’aventure rocambolesque d’un gamin de 18 ans, sans instruction ni conviction, menteur, faussaire et manipulateur, qui a traversé la guerre comme on joue au petit soldat. Un sale gosse, inconscient du danger, qui a porté cinq uniformes en quatre ans. Quatre fois déserteur de quatre armées différentes. Traître un jour, portant le brassard à croix gammée, puis patriote le lendemain, arborant fièrement la croix de Lorraine.
En décembre 1944, recherché par tous les camps, il a continué de berner la terre entière.
Mais aussi son propre fils, devenu journaliste.
Lorsque Klaus Barbie entre dans le box, ce fils est assis dans les rangs de la presse et son père, attentif au milieu du public.
Ce n’est pas un procès qui vient de s’ouvrir, mais deux. Barbie va devoir répondre de ses crimes. Le père va devoir s’expliquer sur ses mensonges.
Ce roman raconte ces guerres en parallèle.
L’une rapportée par le journaliste, l’autre débusquée par l’enfant de salaud.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s