Mon avis – Extraits – Présentation ▶
Lecture de février 2019 ➡
Ce livre m’a été prêté, un sujet glaçant quand on sait que ceci a été la réalité et non une fiction. Je ne ferais pas de retour sur le livre en lui-même, le résumé et les extraits de ce témoignage parle de lui-même.
- « Depuis le début des années 1990, l’ouverture des archives régionales de Novossibirsk et de Tomsk ainsi que la publication d’un certain nombre de documents relatifs à la tragédie de Nazino ont permis de mieux comprendre ce qui s’était passé sur « L’Ile-Mort » (Ostrov-Smert’), également surnommée par la population locale « l’île aux Cannibales » (Ostrov lioudoedov). »
- « En réalité, un très grand nombre de personnes appréhendées au cours de rafles policières ne passaient même pas par ces procédures sommaires et étaient directement déportées après un bref passage en prison de transit. Tel fut le cas d’un grand nombre d’individus déportés de Leningrad et de Moscou, dans le cadre du « nettoyage » des deux plus grandes villes de l’URSS à l’occasion de la fête du Travail, le 1er mai 1933, vers Tomsk, puis de là, après un court séjour dans le plus grand camp de transit pour « déplacés spéciaux » de Sibérie, vers l’île de Nazino. »
- « Que nous apprend l’épisode, exceptionnellement bien documenté – par rapport à d’autres déportation de masse -, de l’île aux Cannibales? Cet événement éclaire, tout d’abord, la mise en œuvre meurtrière d’une utopie : celle d’une vaste entreprise d’ingénierie sociale, d’une planification bureaucratique et policière visant à « nettoyer » et à « purifier » certains espaces soviétiques – et notamment les villes – de leurs « éléments déclassés et socialement nuisibles », en les déportant vers des « zones-poubelles » de la Sibérie. »
Présentation :
Le premier livre sur l’ « autre » goulag et sur la « purification sociale » entreprise par Staline.
Voici le premier livre en français sur l’ « autre » goulag, édifié par Staline et Iagoda (chef du Guépéou), son » ministre de l’Intérieur « , aux fins de » purifier socialement » l’Union soviétique. Sur l' » île aux cannibales « , ont été déportés 6 000 » éléments socialement nuisibles « . Isolés dans cet endroit désolé, Nazino, perdu au milieu du fleuve Ob, les déportés débarqués sans provisions ni outils ont subi la torture de la faim au point de s’entre-dévorer. Passé sous silence pendant soixante ans, l’épisode est aujourd’hui révélé par Nicolas Werth. Sa reconstitution permet de comprendre le fonctionnement des » peuplements spéciaux « , elle met en évidence une élimination inévitable, sinon programmée, autant que l’absence de coordination entre les différents maillons de la chaîne répressive. Elle montre aussi la violence sociale qui régnait en Sibérie, terre de déportation et de colonisation. Enfin L’Ile aux cannibalesoffre un fascinant cas de perte des repères humains quand les individus sont soumis à une situation extrême dans un lieu clos. L’Ile aux cannibales, c’est l’histoire d’une décivilisation en plein XXe siècle.
Nicolas Werth, directeur de recherche au CNRS, outre sa participation remarquée au Livre noir du communisme, a publié dans la collection tempus : La Terreur et le Désarroi. Ce livre a été traduit dans six pays.