Mon retour – Extraits – Présentation –
Lecture de décembre 2018
Voilà un roman atypique qui sort de la zone de confort du roman noir ou du drame, tout en étant très intéressant et instructif, puisque l’auteur nous livre sans filtre la vie de tous les jours de certaines personnes, et avec un plume incisive. Écrit avec le langage de la rue, plusieurs thèmes sont abordés en dehors de l’histoire elle-même.
- « Ouais, ce monde que vous ne faites jamais qu’effleurer, où les uns essaient de manger et les autres de ne plus manger, où il faut bouffer ou être bouffé. Macrocosme boursouflé de consumérisme frénétique, vomissant métaux lourds, papier glacé et sacs plastiques, un torrent d’ordures qui finissait au bout du compte dans le ventre des poissons et des oiseaux, et dont le poison remontait très justement jusqu’à l’animal placé au sommet de la chaîne alimentaire : l’Homme. Ce putain de monde de plus en plus petit, asphyxié par ses propres déjections, de plus en plus sale et malade, aveugle à force de s’observer le nombril, la tête dans le trou du cul. »
On décolle de notre siège avec Thomas Mâchefer, mis à la porte de chez sa mère et son beau-père à ses 18 ans. La vie, c’est dans la rue qu’il va la découvrir au travers de ces rencontres. Screech, SDF, qui va le prendre sous son aile et avec qui il va se lier d’amitié.
- « Heureusement, l’espérance de vie d’un SDF n’était que de 43 ans en moyenne. C’était vachement bien fait, quand même, la façon dont la population s’autorégulait… »
Belle-de-loin, péripatéticienne renommée et enjouée. Farouk Hassana, paparazzi, va lui venir à la rencontre de Thomas et petit à petit, en « travaillant » pour lui ils vont apprendre à se connaître non sans quelques complications. Ensuite arrive Mélody, petite starlette qui espère trouver sa place, malgré et grâce aux ignominies médiatisées sur elle. Moultes péripéties vont leur arriver et l’auteur n’est pas avare de détails ni de dérapages incontrôlés en partant sur des sujets divers pour chacun.
- « Des soignants aux gestes infiniment précautionneux, incisaient, nettoyaient, excisaient les chairs nécrosées, pansaient. Des humains qui réparaient les saloperies d’autres humains….J’étais alors pris d’une bouffée d’amour – oui, d’amour ! – pour ces séraphins tout de blanc vêtus qui chaque jour, chaque heure, chaque minute, sauvaient la peau, littéralement, de mon ami. »
De situations cocasses aux moments les plus dramatiques c’est quand même avec le sourire que j’ai apprécié cette lecture.
- « On me sonne toutes les cloches de Notre Dame, là-dedans. Mazette, je ne serais pas aussi assommé si j’avais dégusté un airbag ! »
Je n’avais, pour l’instant, lu que des nouvelles de cet auteur, bien m’en a pris d’acquérir ce roman, d’autres récits m’attendent dans ma liseuse, à suivre.
Pour lecteurs avertis.
Présentation :
Extrait de la préface :
On ne sort pas indemne de la lecture de ce roman. L’auteur nous malmène, balance des coups bien assénés qui font mouche, nous blessent, nous retournent. Comme ses héros, on en prend plein la tête. Mais l’humour, plutôt noir que rose, s’étend au fil des pages, comme un baume sur les gnons. Parallèlement, Frédéric pose un regard empathique sur ses personnages, sans pour autant les absoudre. Dans ce roman, point de manichéisme.
De Thomas à Farouk, de Screech à Belle-de-loin, même cabossés, tout comme leur auteur, les protagonistes de Le cri sauvage de l’âme ont vraiment de la gueule !