⁕ Littérature

« GrandMèreDixNeuf et le secret du Soviétique » de Ondjaki

Métailié éditions – 184 pages – Broché –

🌸🌸🌸🌸🌸

Seconde lecture pour le prix des lecteurs « Etranges lectures ». C’est avec un auteur Angolais que j’entame ce roman. J’ai retrouvé des expressions qui m’ont rappelée ▶▶ « Camarade Papa » de Gauz lu l’année passée pour le même prix.

On part dans la banlieue de Luanda aux abords d’une petite plage, découvrir une grande famille, solidaire, émouvante,  sous une chaleur accablante. Une ribambelle d’enfants vivent ici, c’est leur quartier, leur mer et il ne faut pas y toucher. Ils veulent continuer à pousser des « cris bleus ».

Une lecture empreinte de poésie, d’humour, de sentiments décuplés entre les personnages et d’une solidarité exemplaire. Chez eux, des coopérants soviétiques construisent un Mausolée gigantesque pour la momie de Agostinho Neto, le père de la Révolution. Que va-t-il advenir de leur village!

« Á force de regarder les couleurs avec ces bruits qui volaient dans le ciel illuminé, peu de monde se rendit compte que le chantier énorme, que les adultes disaient être vertical, haut et qui ressemblait à une fusée, ce chantier objet de tant de travaux poussiéreux et de mille ouvriers fatigués, s’était mis à ne plus exister, ne laissant qu’une poussière grise qui mit très longtemps à retomber. Tout cela arriva tout près de la maison de GrandMèreAgnette, plus connue à PraiadoBispo comme GrandMèreDixNeuf. C’était à l’époque que les plus vieux appellent autrefois. »

▶ Il n’y a aucune faute dans cet extrait. Ce sont les enfants qui nomment étrangement les adultes de noms qui leur ressemblent par leur façon d’être, de vivre.

Le roman est paru en 2008 et réédité en 2021, l’histoire se déroule dans les années 1980. Il y a quelques intrigues dans le récit : ces dialogues avec GrandMèreCatarina, le narrateur qui ne nous est pas dévoilé… C’est un bon mélange entre l’histoire de l’Angola et l’enfance du narrateur auprès de sa famille dans ce village aux belles couleurs. Une écriture sensible, parfois ironique. Une lecture plaisir que l’on quitte avec le sourire. J’ai énormément apprécié ce texte et suis très heureuse de participer à ce prix qui me fait découvrir des titres que je n’aurais pas lu sans cela.

Dans une banlieue de Luanda près d’une petite plage, GrandMèreDixNeuf (on l’a amputée d’un orteil) s’occupe de toute une bande de gamins, curieux et débrouillards, amateurs de baignades et de fruits chapardés. Des coopérants soviétiques construisent un Mausolée gigantesque pour la momie de Agostinho Neto, le père de la Révolution. La guerre civile est terminée, ils vont moderniser le quartier si bien situé au bord de la mer. L’un des officiers est ami de la GrandMère, sa maison a toujours de l’électricité grâce à la dérivation qu’il lui a installée. Il souffre de cette chaleur, de ce soleil impitoyable, il rêve des hivers russes.

Les enfants ne veulent pas qu’on touche à leur quartier, ils prennent les choses en main pour pouvoir continuer à plonger dans la mer pour pousser des “cris bleu”.

Un roman au charme plein d’humour, une Guerre des boutons tropicale, et une traversée de l’histoire de l’Angola, quelques fantômes discrets. Le tout servi par une écriture élégante, poétique et ironique. Un régal de lecture.

L’auteur

Ndalu de Almeida, Ondjaki, né à Luanda en 1977, est l’un des écrivains lusophones les plus prometteurs du continent africain. Après des études de sociologie, il travaille sur des projets cinématographiques. Ondjaki a déjà reçu de nombreux prix importants, dont le prestigieux prix Jabuti (jeunesse) et le Prix Saramago en 2013 pour Les Transparents. Après avoir vécu au Brésil, il vient d’ouvrir la Librairie kiela, une des premières librairies littéraires de Luanda.

Laisser un commentaire